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Le boulon électrique
20 juin 2018

PCB : l'accent mis sur un dispositif non stigmatisant

En lien avec l’inclusion des questions bancaires dans la lutte contre la pauvreté, la définition et le suivi des PCB fédèrent une grande diversité d’organisations. S’y côtoient des représentants des créanciers, parmi lesquels les fédérations professionnelles des banques et des compagnies financières, et ceux d’associations, comme le Secours catholique, la Croix rouge ou l’Union nationale des associations familiales (UNAF). Participent également à ces travaux des représentants d’organisations investies dans la médiation des dettes, comme CRESUS (Chambre régionale du surendettement social), et des représentants des centres communaux ou intercommunaux d'action sociale. Outre la diversité des positionnements qui existent entre certaines de ces organisations, ces différents groupes sont également structurés par des intérêts divergents : si certains représentants de banque trouvent un intérêt au projet des PCB qu’ils soutiennent, d’autres s’y opposent, de même pour les membres d’associations, à chaque fois pour des raisons distinctes. Au sein de l’État, le positionnement de la lutte contre le surendettement au croisement des politiques économique et sociale, complexifie l’identification d’un « propriétaire de cette cause » (Gusfield 2009). Il est impossible de circonscrire un service ou même un ministère qui pilote le projet des PCB avec continuité depuis le premier groupe de travail sur le projet en 2013. Porté à l’origine par la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), le projet des PCB est ensuite confié au Contrôle général économique et financier (CGeFI) où plusieurs fonctionnaires s’investissent dans la redéfinition du projet. Il est dans un troisième temps à nouveau confié à la DGCS : une équipe distincte de celle chargée de l’étape initiale est alors chargée de suivre la mise en place du dispositif. Les PCB sont ainsi du ressort de quatre secrétaires d’État, ce qui ne facilite pas le processus décisionnel. La lutte contre le surendettement est une action publique aux contours flous et mouvants (Plot 2011), ce qui en fait un enjeu particulièrement utile pour saisir la redéfinition des catégories de l’action publique. Dès lors, compte tenu de cette grande diversité d’acteurs, comment se produit un accord sur le rôle à confier aux PCB ? L’un des leitmotivs des acteurs impliqués dans la création des PCB est de toucher des populations qui habituellement ne fréquentent pas les centres sociaux, dont les revenus se situent audessus des barèmes des minima sociaux, mais qui restent trop peu fortunées pour faire face aux charges de la vie courante. Selon l’une des personnes particulièrement investies dans leur conception, l’objectif des PCB est de « faire venir des personnes en difficultés ou en risque d’être en difficultés ». Difficilement objectivable, le « risque d’être en difficulté » constitue un point de convergence important. Les PCB sont construits en partie comme distincts des structures d’action sociales. Ils doivent se différencier de ces derniers par leur capacité à être un dispositif « non stigmatisant », c’est-à-dire une structure où les « classes moyennes » pourraient se rendre sans gêne. Ce qualificatif de « non stigmatisant » est sans doute l’un des plus employés par les différents acteurs rencontrés. Un fonctionnaire axe ainsi sa présentation sur la nécessité « de ne pas avoir un message stigmatisant, anxiogène, qui pousse justement la fameuse classe moyenne à éviter d’y aller ». L’argument sur l’absence de stigmatisation est d’autant plus efficace qu’il est légitimé ailleurs. Parmi les critères de réussite des Money Advice and Budgeting Service (MABS) irlandais, qui ont en partie servi de modèle aux PCB, un rapport réalisé au nom de la Commission européenne insiste sur l’absence de stigmatisation. L’accent mis sur la « non stigmatisation » participe de la promotion d’une acception particulière de la lutte contre le surendettement qui considère que tout citoyen est un surendetté potentiel. Prévenir le surendettement serait donc une urgence sociale, discours congruent avec l’actuel intérêt public pour l’éducation financière qui souligne les risques financiers qui pèsent sur l’ensemble de la population et la nécessité de réformer les comportements individuels pour y faire face.

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